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 Fodjo Kadjo ABO

La devise du caméléon

15 Août 2011, 22:06pm

Publié par Fodjo Kadjo ABO

DSC 0063« La rapidité est une bonne chose, la lenteur aussi. » Telle est la devise du caméléon, un proverbe akan que j’ai l’honneur et le plaisir de partager avec vous sur mon modeste site.

La rapidité est d’un intérêt incontestable. Figurez-vous ce vieux paysan qui arrive du champ sous un ciel nuageux. Il lui reste à peine un kilomètre à parcourir pour rentrer chez lui. S’il pouvait courir ou, tout au moins, marcher vite, il échapperait à la pluie. Mais, handicapé par l’âge, il avance doucement, à ses risques et périls.

Regardez cet automobiliste pris en chasse par des braqueurs se trouvant à bord d’un véhicule. S’il pouvait rouler plus vite, il sauverait sa peau. Hélas ! Venant à peine d’avoir le permis de conduire il a du mal à distancer ses poursuivants, qui ont toutes les chances de le rattraper et de faire de lui ce que bon leur semble !

En brousse, les animaux qui tombent entre les griffes des fauves, se retrouvent dans les gibecières des chasseurs ou périssent dans des incendies sont bien souvent ceux qui manquent de rapidité.

On pourrait développer à souhait les considérations qui devraient donner au caméléon des raisons d’envier les animaux rapides et de s’évertuer à faire comme eux. Mais, se complaisant dans sa lenteur, il dit : « La rapidité est une bonne chose, la lenteur aussi ».

A première vue cette réflexion peut paraître surprenante, voire risible. En quoi la lenteur peut-elle être une bonne chose dans un univers où les vertus de la rapidité sont de notoriété publique ? pourrait-on se demander.

A l’analyse, la réflexion du caméléon a une portée philosophique que beaucoup d’entre nous sont loin de soupçonner. La lenteur aussi a ses vertus, ses avantages.

Le caméléon est d’une lenteur qui donne parfois l’impression qu’il marche à reculons. Mais cet handicap est compensé par des facultés que les autres animaux n’ont pas, de sorte qu’il n’a rien à leur envier.

La peau du caméléon prend toujours la couleur du lieu où il se trouve. Dans les feuillages, elle devient verte. Dans les feuilles mortes, elle devient marron. Dans un jardin bien fleuri, elle devient multicolore.

Cette faculté que le caméléon a de prendre la couleur de son environnement lui assure une capacité de camouflage qui le préserve de bien des dangers auxquels les animaux les plus rapides ont parfois du mal à échapper. Même en captivité, il peut se rendre invisible et parvenir ainsi à s’échapper.

« Tout ce que Dieu fait est bon », avons-nous coutume de dire. C’est en substance ce que le caméléon nous enseigne. En se contentant de la nature que Dieu lui a donnée, non seulement il jouit de la compensation qui lui a été assurée, mais en plus il n’a pas à redouter les dangers auxquels l’envie expose ses adeptes.

 A tout ce que Dieu nous donne de désappréciable correspondent des facultés enviables. Apprenons à apprécier ces atouts et surtout à les exploiter avec patience et persévérance : nous verrons à quel point nous avions tort de lorgner ce que les autres possèdent. Comme le caméléon nous aurons de bonnes raisons de nous dire : "Ce que les autres possèdent est bon ; ce que moi aussi j'ai est bon".

Nombreux sont ceux d’entre nous qui sont sans cesse victimes de leurs désir d’aller très vite. Voyez cet automobiliste qui, roulant à tombeau ouvert pour arriver vite à destination, termine son parcours dans un hôpital ou dans des pompes funèbres.

Dans une course de fond, par exemple, les athlètes qui démarrent la compétition en trombe s'épuisent vite quand ils ont la chance de ne pas chuter. Bien souvent la victoire revient à ceux qui commencent lentement et progressent en exploitant les failles de leurs adversaires : ils savent que la lenteur est aussi bonne que la rapidité.

Voulez-vous un autre exemple ? Imaginez-vous deux voyageurs qui débarquent dans l’aéroport d’une capitale. Tous ont fait leurs réservations dans le même hôtel. L’un d’entre eux, voulant arriver très vite à l’hôtel, emprunte un taxi. A peine a-t-il  été conduit dans sa chambre que l’établissement est la cible d’un attentat dont il ne sort pas vivant. Le second voyageur qui a emprunté un autobus aura des raisons de se frotter les mains et de remercier mille fois Dieu : la lenteur du moyen de locomotion qu’il a utilisé l’aura sauvé.

Très nombreux sont ceux qui, dans une infinité de domaines et de circonstances, ont eu du succès en allant vite. Mais non moins important est le nombre de personnes que le désir d’aller vite a conduit à leur perte.

Des candidats à des examens et concours croyant être tombés sur des épreuves extrêmement faciles les traitent rapidement et rendent leurs copies en étant convaincus d’avoir fait du bon travail. C’est après coup qu’ils réalisent qu’ils auraient dû prendre leur temps pour bien lire et comprendre les sujets avant de commencer à les traiter. Hélas ! Le désir d’aller vite les a conduit à l’échec !

« Je suis le promotionnaire de Pierre ; il occupe aujourd’hui des fonctions ministérielles ou un poste de directeur général pendant que moi je n’évolue pas. J’exerce le même métier que Paul ; il est aujourd’hui millionnaire ou milliardaire pendant que moi j’ai du mal à joindre les deux bouts du mois ». Combien de fois n’avons-nous pas entendu des gens faire de telles réflexions ? Et combien de fois un tel état d’esprit n’a-t-il pas amené ses adeptes à faire des bêtises regrettables ?

L’envie est l’un des vices cardinaux que nous avons à redouter le plus. Nous ne nous conduisons pas toujours en fonction d’un idéal mais par rapport aux autres. Une telle attitude est une source d’ennuis.

Nous savons que ceux dont nous envions les situations ont réussi, mais nous ne savons pas toujours comment ils sont parvenus au succès. Pierre est riche soit parce qu’il a des parent aisés, soit parce qu’il a recueilli un héritage confortable, soit parce qu’il a réalisé des économies au prix de plusieurs années de privations auxquelles nous ne sommes pas prêts à nous soumettre.

En voulant, comme Paul, nous enrichir vite et par tous moyens parce qu’il est de la même génération ou dans le même secteur d’activité que nous, nous faisons un mauvais raisonnement qui peut nous conduire à notre perte. Rien ne nous garantit que ses biens mal acquis lui profiteront durablement.

En tout état de cause, ce qui réussit aux autres ne nous convient pas forcément et peut même s’avérer funeste. Ce n’est pas le modeste caméléon qui en dira le contraire : il sait que la rapidité, qui sied si bien au lièvre et à l’antilope, n’est pas compatible avec sa nature. Aussi, ne cherche-t-il pas à les imiter ; il préfère se fier au moyen de protection que Dieu lui a donné : le camouflage. Pour ne l’avoir pas compris tant de gens se sont fait du tort.

Des agents publics ou privés venant à peine de commencer à travailler se voient déjà millionnaires ou milliardaires parce des personnes exerçant le même métier ou les mêmes activités qu’eux sont aisées. Le désir de s’enrichir vite les pousse à s’adonner à la corruption, à des détournements de deniers, à des extorsions de fonds et autres malversations qui finissent par leur attirer des malheurs. Pour avoir voulu faire fortune en un temps record tant de fonctionnaires et de travailleurs se sont retrouvés en chômage ou en prison.

Des opposants qui viennent à peine de créer leurs partis se voient à la magistrature suprême de leur pays à la toute prochaine élection présidentielle, même si elle doit avoir lieu dans quelques semaines. Et pour concrétiser leur rêve ils sont prêts à tout. L’Histoire regorge d’exemples de politiciens qui, pressés d’accéder au pouvoir, se sont permis des actions qui ont finit par les conduire en prison, à l’exil ou à la mort.

Si nous ne voulons pas subir des sorts identiques approprions-nous la philosophie du caméléon. Evitons surtout de céder à la tentation de chercher à devenir comme les autres en nous nous livrant à des actes incompatibles avec nos positions sociales ou les objectifs recherchés.

Ce qui est déploré et dénoncé ici, ce n’est ni l’ambition ni l’émulation, qui sont pour moi des vertus conduisant au progrès. Pierre, un homme d’affaires, a fait fortune parce qu’il a choisi d’exercer une activité dont le but est de gagner de l’argent. Si étant un fonctionnaire je veux m’enrichir comme lui, je ne peux y parvenir qu’en commettant des indélicatesses parce que le but du métier que j’ai choisi d’exercer n’est pas de gagner de l’argent mais de participer à la gestion de la vie publique de mon pays en échange d’un moyen de subsistance.

Chacun de nous a le droit imprescriptible de réussir. Mais la réussite, pour être durable et profitable, doit se faire selon des moyens et un processus convenables. Quiconque brûle des étapes ou utilise des moyens inappropriés doit s’attendre à se mordre les doits tôt ou tard.

Des personnes qui, à l’aube de leurs carrières, ont été parachutées à des postes de responsabilité ont eu des regrets. Certaines ont eu du mal à s’en sortir ; d’autres, ayant commencé par le sommet, n’ont pas évolué et sont devenues aigries. En voulant aller vite au mépris de la devise du caméléon elles ont couru à leur perte.

  Si l'occasion pouvait nous être donnée de rentrer dans l'intimité de gens ayant connu de promotions précoces et qui sont aujourd'hui à la croisée des chemins, nous donnerions raison au caméléon. A bon entendeur, salut !

                                       

                                                               Fodjo Kadjo ABO

 

 

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M
si je pouvais mémoriser mot pas mot les différents texte ,je le ferai .je suis émerveiller et très ,très fière de vous ;que le BON DIEU vous protège et qu'il vous garde pendant longtemps enfin que<br /> vous puissiez nous donner plus de conseils et réflexions a travers vos écrits. MERCI
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